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Prud’hommes 2008 : le paradoxe syndical français !

Certes, les résultats des élections prud’homales de mercredi dernier sont décevants pour l’ensemble des organisations syndicales et en particulier, la CFDT.
Le taux de participation a été peu élevé parmi les salariés : 25,5%, soit un salarié sur quatre. Mais on vote pour une justice (un service ?) toujours mal perçue. Une justice qui s’assimile à la gestion des accidents de la vie que l’on préfère ignorer jusqu’à ce que le malheur arrive.
Depuis plusieurs années maintenant, les salariés vivent dans un climat politique hostile, la législation a renforcé la précarité, la flexibilité, assoupli les licenciements, mis à mal la protection en cas de suppressions collectives d’emplois, diminué les garanties du chômage et attaqué les retraites. On en passe… Quelques jours avant le scrutin, le législateur a introduit la notion de « retraite à 70 ans ». Tout cela dans un contexte de crise qui pèse lourdement sur les esprits. Le Ministère l’avait bien compris en organisant le vote par Internet à Paris intra-muros et par correspondance. Mais sa campagne publicitaire n’a rien fait pour réconforter même les électeurs potentiels les plus motivés.
Peut-on vraiment s’étonner que les salariés se soient abstenus de défier leur employeur pour obtenir l’autorisation d’aller voter (à pied sous une pluie battante) ?
Du côté des employeurs, la participation a été un peu plus élevée : 31,25% soit un peu plus d’un sur quatre mais moins d’un sur trois ! Inutile d’accuser les multinationales car une infime partie de leurs salariés se voient confier les pouvoirs d’employeur permettant leur participation. On parle ici des « petits patrons » : des artisans, des TPE/PME, des commerçants, des professions libérales
et les patrons des cafés, bars, restaurants, hôtels, discothèques, bureaux de tabac
Tous ceux à qui la législation inspirée par le Medef et votée par l’UMP a bénéficié. Tous ceux qui ont réclamé et reçu les cadeaux fiscaux, les primes « Sarkozy », les remises de cotisations sociales et les subventions d’investissement. Tous ceux qui reçoivent les promesses d’assouplissement du crédit, des avances de remboursement de TVA, exonérations totales de charges sociales et tous les avantages annoncés dans le cadre de la « sortie de crise ». Etonnante donc, cette abstention patronale !
Plus étonnante encore
Si la participation des employeurs a progressé, l’influence de la liste d’union du Medef a reculé de plus de 8 points. C’est l’organisation contestataire qui progresse ! La liste des employeurs de l’économie sociale et solidaire reçoit 19,25% des voix dans le collège employeurs contre 11,3% en 2002.
De là à en déduire que les employeurs sont mécontents des conséquences de la politique du gouvernement, ce serait osé.
Malgré ces résultats et malgré les critiques médiatiques, on peut constater que les syndicats de salariés au niveau national, restent collectivement bien plus influents que les partis politiques. L’UMP qui revendique 290 000 adhérents est très loin des 800 000 de la CFDT. En se fiant aux statistiques disponibles sur Internet, la CFDT aurait à elle seule, davantage d’adhérents que l’ensemble des partis politiques réunis.
Le taux de syndicalisation des salariés, tant décriée, d’environ 8% permet au mouvement syndical français d’être LA force progressiste LA plus influente du pays.
Certains feraient bien d’y réfléchir !
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