Certes, les résultats des élections prudhomales de mercredi dernier sont décevants pour lensemble des organisations syndicales et en particulier, la CFDT.
Le taux de participation a été peu élevé parmi les salariés : 25,5%, soit un salarié sur quatre. Mais on vote pour une justice (un service ?) toujours mal perçue. Une justice qui sassimile à la gestion des accidents de la vie que lon préfère ignorer jusquà ce que le malheur arrive.
Depuis plusieurs années maintenant, les salariés vivent dans un climat politique hostile, la législation a renforcé la précarité, la flexibilité, assoupli les licenciements, mis à mal la protection en cas de suppressions collectives demplois, diminué les garanties du chômage et attaqué les retraites. On en passe… Quelques jours avant le scrutin, le législateur a introduit la notion de « retraite à 70 ans ». Tout cela dans un contexte de crise qui pèse lourdement sur les esprits. Le Ministère lavait bien compris en organisant le vote par Internet à Paris intra-muros et par correspondance. Mais sa campagne publicitaire na rien fait pour réconforter même les électeurs potentiels les plus motivés.
Peut-on vraiment sétonner que les salariés se soient abstenus de défier leur employeur pour obtenir lautorisation daller voter (à pied sous une pluie battante) ?
Du côté des employeurs, la participation a été un peu plus élevée : 31,25% soit un peu plus dun sur quatre mais moins dun sur trois ! Inutile daccuser les multinationales car une infime partie de leurs salariés se voient confier les pouvoirs demployeur permettant leur participation. On parle ici des « petits patrons » : des artisans, des TPE/PME, des commerçants, des professions libérales
et les patrons des cafés, bars, restaurants, hôtels, discothèques, bureaux de tabac
Tous ceux à qui la législation inspirée par le Medef et votée par lUMP a bénéficié. Tous ceux qui ont réclamé et reçu les cadeaux fiscaux, les primes « Sarkozy », les remises de cotisations sociales et les subventions dinvestissement. Tous ceux qui reçoivent les promesses dassouplissement du crédit, des avances de remboursement de TVA, exonérations totales de charges sociales et tous les avantages annoncés dans le cadre de la « sortie de crise ». Etonnante donc, cette abstention patronale !
Plus étonnante encore
Si la participation des employeurs a progressé, linfluence de la liste dunion du Medef a reculé de plus de 8 points. Cest lorganisation contestataire qui progresse ! La liste des employeurs de léconomie sociale et solidaire reçoit 19,25% des voix dans le collège employeurs contre 11,3% en 2002.
De là à en déduire que les employeurs sont mécontents des conséquences de la politique du gouvernement, ce serait osé.
Malgré ces résultats et malgré les critiques médiatiques, on peut constater que les syndicats de salariés au niveau national, restent collectivement bien plus influents que les partis politiques. LUMP qui revendique 290 000 adhérents est très loin des 800 000 de la CFDT. En se fiant aux statistiques disponibles sur Internet, la CFDT aurait à elle seule, davantage dadhérents que lensemble des partis politiques réunis.
Le taux de syndicalisation des salariés, tant décriée, denviron 8% permet au mouvement syndical français dêtre LA force progressiste LA plus influente du pays.
Certains feraient bien dy réfléchir !
[RESPECTÉS]