Peu connu en France, Aramark est un des leaders mondiaux de la restauration collective et concédée. Originaire de Philadelphie aux Etats-Unis, la multinationale est présente dans 18 pays. Ses marchés principaux sont en Allemagne, Belgique, au Canada, au Chili, en Corée, en Espagne, en Irlande, au Japon, au Mexique, au Royaume Uni et en République Tchèque. Son chiffre daffaires en 2006 est de 11,6 milliards de dollars. Ses directeurs ont été recompensés par des primes se chiffrant dans les millions de dollars après avoir profité des fruits dun LBO lannée dernière. Selon le Washington Post, cette opération a permis à son P.-D.G., Joseph Neubauer, de multiplier la valeur de ses actions par 7 lui faisant gagner près dun milliard de dollars !
Pendant ce temps, les salariés sont au salaire minimum avec des avantages quasiment inexistants. Aux Etats-Unis, les deux principaux syndicats du secteur UNITE HERE et SEIU ont décidé dunir leurs forces pour faire revaloriser les salaires, obtenir une protection sociale et un statut collectif (1) pour les 25 000 employés dAramark.
Cette semaine : des actions et des revendications à travers tout le pays
Samedi 10 novembre à Houston, Texas : plus de 500 personnes principalement employées par Aramark dans les universités et les centres de convention de la ville ont lancé la semaine daction. Leurs salaires sont en moyenne de 6,30 $ (4,32 ) de lheure.
Lundi, des rassemblements de salariés ont eu lieu à New York et à New Jersey pour souhaiter bonne route à leurs délégations partant pour Philadelphie.
Mardi : une manifestation devant le siège social à Philadelphie a réuni un millier de salariés venus de tous les coins des Etats-Unis ainsi que des mouvements de parents d’élèves mécontents. Certains exigent un audit administratif des contrats de la société.
En Californie, au Centre des sports Honda dOrange County, les salariés ont manifesté aux stands de concession dAramark avant un match important de hockey sur glace.
Mercredi : New Haven, Connecticut, le département de léducation a tenu une audience publique où des employés syndiqués et des parents délèves se sont exprimés sur les bas salaires et la qualité des repas servis dans les restaurants scolaires.
A Los Angeles, au Centre des conventions où la restauration est concédée à Aramark, plusieurs centaines de manifestants ont perturbé le Salon de lAuto pour faire savoir aux visiteurs que « traiter avec Aramark est une recette pour le désastre ». Les employés nont eu aucune augmentation depuis 2005 et leur contrat collectif a expiré en 2006 (1).
A New York, les salaries à deux concessions prestigieuses (New York Life et 55 Water Street) sont en grève et jurent dorganiser des piquets jusquà ce quils obtiennent satisfaction. Des dizaines de milliers de « cols blancs » ne peuvent se restaurer dans leurs immeubles. Des conseilleurs municipaux, des représentants de létat et des personnailités religieuses se sont rendus sur place pour appeler la compagnie à « élever les standards de vie de ses employés ».
A lInstitut de la Mode Technologique et à Citigroup, les salariés ont voté un mandat de grève. Ceux de Price Waterhouse Coopers ont remis une pétition à leur employeur. Les salariés travaillant à la Banque de New York, CBS, Goldman Sachs, JP Morgan Chase, limmeuble des Nations Unies et de nombreux autres établissements à travers la mégapole prévoient de se lancer dans la grève au fur et à mesure que leurs accords collectifs expirent (1).
Samedi 17 novembre, la semaine daction sera clôturée par des événements à Chicago. Une manifestation géante au Loop (un quartier daffaires et de gratte-ciels du centre ville) où un millier de salariés est attendu pour revendiquer des salaires décents et une protection sociale cofinancé par lemployeur. Des parents délèves et des personnalités politiques seront présents exiger du département de léduction de létat dIllinois, des meilleurs services et une meilleure qualité de la nourriture dans les établissements scolaires.
Des manifestations sont également organisées dans les banlieues de Chicago. Des cuisiniers, des personnels de service, des vigils, des blanchisseurs de certaines des écoles et universités gérés par Aramark recevront des collègues d’autres établissements, des clients, des parents d’élèves, afin de populariser leur mouvement.
En Pennsylvanie, des salariés et des étudiants distribueront des tracts dans les universités.
A Portland, Oregon, les salariés travaillant dans les concessions du Centre des Arts du Spectacle seront à lhonneur lors dune manifestation de soutien pour revendiquer des salaires décents et la dignité au travail.
Ailleurs, des articles de presse ont décrit les conditions de travail ces dernières semaines comme par exemple, ceux-ci :
A lUniversité Johns Hopkins à Maryland, Baltimore, plus dun an après avoir repris le contrat de restauration, UNITE HERE dénonce lattitude dAramark peu pressé de conclure des négociations concernant les conditions de reprise des salariés. En attendant, ils sont payés au salaire minimum et selon le syndicat, sont licenciés pour la moindre faute. Des discriminations seraient exercées à lencontre des salariés les plus âgés. « Aramark est le plus mauvais employeur que nous navons jamais eu, ils nous traitent comme des animaux ! » déclare lun dentre eux.
A Atlanta au Collège Agnès Scott, ce sont les étudiants qui manifestent auprès du Conseil dadministration pour obtenir un salaire minimum de 14,40 $ (9,86 ) de lheure considéré comme un minimum vital pour les employés Aramark ainsi quun remède aux sous-effectifs qui rendent leurs conditions de travail difficiles.
Une source dinspiration pour les négociations de la Convention Collective Nationale promises par les employeurs pour lannée prochaine en France ?
Manifestation à Houston, samedi 10 novembre 2007
(1) Aux Etats Unis, les conventions collectives sont négociées pour une durée déterminée. Les salariés de la restauration collective peuvent continuer à bénéficier d’une convention lors de leur transfert à la sous-traitance mais celle-ci « expire » à la date limite de sa validité. Les Conventions actuellement en cours ont été conclues par 32 syndicats différents. Lorsqu’elles expirent, les salariés concernés sont représentés par UNITE HERE ou SEIU mais les sociétés de restauration collective refusent de négocier un statut collectif de base pour leurs employés préférant traiter contrat par contrat en fonction des conditions locales.