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Immigration clandestine dans l’hôtellerie-restauration : rien de nouveau sous le soleil !

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Dans un élan humaniste, Didier Chenet et André Daguin, présidents respectivement du Synhorcat et de l’UMIH, organisations patronales, ont réclamé cette semaine la régularisation des travailleurs sans papiers. Les estimant au nombre de 50 000 dans la branche professionnelle sur un total estimé entre 200 et 400 000 en France, leurs déclarations ont le mérite d’être dites. Leur solidarité s’adresse néanmoins davantage aux employeurs risquant d’être désignés fautifs (surtout depuis les déclarations présidentielles télévisées de jeudi soir) qu’aux salariés bravant les risques d’expulsion pour nourrir leurs familles.
Mais cette situation n’a rien d’une surprise ! Dans toute l’Europe il en va de même. Aux Etats-Unis, la branche HCR emploie des clandestins de l’Amérique Latine, en Thaïlande, elle emploie des clandestins birmans, au Vietnam, des clandestins du Laos, au Taiwan et au Singapour, des clandestins chinois, en Chine et en Inde, des clandestins pakistanais et philippins… Bref, dans le monde entier, la branche hôtellerie restauration emploie des travailleurs clandestins. Pourquoi ? Parce qu’elle est l’une des dernières à brasser des espèces en quantité !
Ce n’est pas un secret pour les pouvoirs publics. Lors de la régularisation des sans papiers ordonnée par François Mitterrand à partir de 1981, alors tant décriée par le patronat, notre syndicat avait régularisé à lui seul près de 500 salariés dans l’hôtellerie-restauration. Des salariés qui, comme ceux d’aujourd’hui, versaient leurs impôts et leurs cotisations sociales et qui, accessoirement, étaient FIERS de les payer. Leurs employeurs criaient à la traîtrise et recouraient pour certains à la violence pour empêcher l’accès à leurs établissements aux Inspecteurs du travail et aux représentants syndicaux. Evidemment, quand on découvre des matelas empilés dans les caves du restaurant, il n’y a plus moyen d’argumenter la mauvaise foi du salarié !
Entre 1981 et 2008, que s’est-il donc passé ? Le « tampon » de la main d’œuvre clandestine a quand même permis de maintenir les salaires au plus bas. D’augmenter et de vulgariser la fraude fiscale qui atteint un taux de 60% en Ile de France ! Rappelons que les patrons se sont permis de NE PAS augmenter la grille des salaires de la Convention Collective durant 17 ans !
La seule différence est la suivante. En 1981, les employeurs régularisaient et conservaient les mêmes salariés. Ce que Daguin, Chenet et consorts voudraient bien refaire aujourd’hui. Mais le Président de la République, lui, prône l’immigration choisie ! Autrement dit, son message est le suivant : « Virez vos clandestins actuels et remplacez les par des travailleurs de la Communauté Européenne élargie, aussi peu chers, mais légaux ».
Evidemment, cela pose un problème humain. Même aux employeurs de la branche HCR !