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En décembre 2006, un certain nombre demployés dEurest Support Services à Hassi Messaoud, une ville « fortifiée » dexploitation pétrolière au milieu du désert algérien ont décidé de créer une section syndicale pour lutter contre linjustice dont ils se sentaient victimes. En regardant ces photos, vous comprendrez leurs motivations !
Saisi dune demande de lUGTA, Eurest a refusé, contrairement au droit algérien, de permettre lorganisation dune assemblée des salariés dans ses locaux.
Le Syndicat a donc décidé de tenir cette assemblée dans ses propres locaux à Hassi Messaoud. Ainsi, le 21 décembre 2006, la section syndicale UGTA d’Eurest est officiellement née. LAssemblée générale a élu un Conseil syndical de sept personnes ainsi que son exécutif dont un Secrétaire général, un adjoint et un Trésorier. Un procès-verbal est dressé et toujours conformément au droit algérien, présenté au Directeur des opérations dEurest, M. Bill Joel. Celui-ci refuse de laccepter de la main du Secrétaire général fraîchement élu, et explique que le DRH ou son adjoint, juriste, sont seuls compétents pour y donner suite.
Malgré des assurances sur la volonté dentamer un dialogue social et de la résolution des conflits par la médiation, ces derniers ont également refusé de prendre en main le procès-verbal de constitution de la section syndicale. Relevant selon eux de la seule compétence du Directeur des opérations, ils ont promis dorganiser un rendez-vous dont la date est toujours attendue.
Des courriers demandant des entretiens, la mise à disposition dun panneau daffichage puis dun local syndical, restent sans réponse. La direction interdit à son secrétariat de réceptionner des courriers provenant de la section syndicale et/ou de ses représentants.
Le DRH va jusquà rapporter lensemble des courriers reçus au Secrétaire général en lui intimant quEurest nacceptera jamais linstallation dun syndicat en son sein. Létat algérien lui poserait déjà suffisamment de problèmes que la société préférait se retirer du pays ! Ces propos ont été relayés auprès des salariés : « ces expats qui fournissent vos emplois en ont ras-le-bol, ils vont faire leurs valises et vous serez tous au chômage ».
LUGTA saisit lInspection du Travail. La direction nie avoir connaissance de la création dune section syndicale et prétend que la signature de réception du procès-verbal dinstallation est un faux. Les Inspecteurs du travail, afin déviter toute mésentente, se sont alors déplacés pour remettre en main propre les documents et expliquer la législation en vigueur aux dirigeants « expats » dEurest qui auraient pu avoir légitimement mal compris. Ils ont été surpris par des insultes et des injures à tel point quils ont cité les auteurs devant la justice.
A partir de ce moment, des pressions sont exercées quasiment tous les quarts dheure 24 heures sur 24 sur le Secrétaire général (souvenez vous des rythmes de travail 6 semaines « on » 3 semaines « off »). Le DRH, un égyptien qui vit en contradiction avec ses croyances religieuses, semploie à convaincre les membres connus de la section syndicale quil détient des dossiers très répréhensibles contre les uns et les autres. Mais ce nest pas assez pour Bill Joel qui le tient responsable de la création de la section ; il aurait dû « tuer la bête dans luf ». Finalement, le DRH démissionne.
Alors, lennemi n° 1 du Directeur des opérations, devient le DRH actuel moyennant 20 000 dinars/mois (environ 200 ), en jurant quil fera disparaître la Section syndicale. Pour couvrir ses arrières, il entreprend la démarche inverse, renseignant la section syndicale sur des opérations supposées illicites du Directeur des opérations qui dirigerait dautres sociétés tout en étant salarié dEurest. « Quelquun qui, voyant un ami à genoux, laide à se lever pour mieux le jeter à terre » comme on dit en Algérie.
Petit à petit, la direction fait craquer les membres du bureau de la section syndicale. Les uns démissionnent sous la pression, dautres renoncent sous la menace du non renouvellement de leurs contrats et dautres acceptent de monnayer leur promotion. Parce quà Eurest, parmi 1 900 employés précaires il ny a que 56 permanents !
Le 17 avril 2007 à 4h30 du matin, une relève doit prendre le départ du chantier BP Inamenas dans le désert au sud est de Hassi Messaoud. Le « Camp Boss » a prévu 4 morceaux de fromage, une petite boite de ton et une bouteille deau pour restaurer les 8 occupants du 4/4 durant leurs 14 heures de trajet. Le Superviseur de sécurité quEurest refuse toujours de reconnaître comme Secrétaire de la section syndicale, doit approuver ce départ.
Impossible ! Il intervient respectueusement pour demander un rajout aux rations prévues pour ces employés qui doivent parcourir 870 kilomètres de route en très mauvais état. Malgré les exhortations du représentant du personnel, le « Camp Boss » refuse den faire davantage. Un épisode qui lui a sans doute choqué puisquil lui a fallu deux semaines pour aller déposer plainte au Commissariat.
De cet incident, la direction monte une procédure pour faute professionnelle. Elle engage illégalement et sans prévenir lunion locale UGTA comme lexige la loi, une procédure disciplinaire à lencontre de son délégué.
Eurest a mis plus de deux mois pour prononcer une sanction où normalement trois jours sont le maximum légal. Le Secrétaire général est mis à pied indéfiniment sous prétexte du dépôt dune plainte en pénal. Pendant plus de 5 mois, plus aucune nouvelle de cette affaire !
Aujourdhui, lUGTA a décidé den découdre avec Eurest et de faire réintégrer son représentant en son emploi. Lunion régionale comme linstance nationale, en la personne de son Secrétaire Général, Abdelmajid Sidi Saïd, se sont emparés de cette affaire et entendent faire respecter le droit des travailleurs algériens face aux mastodontes multinationaux.
Notre syndicat se place résolument à ses côtés !
Source : UGTA