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Cathy Kopp et le marché du travail selon Accor

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Alors que certains se félicitent de voir les entreprises de service prendre « leur juste place au sein du Medef » et d’autres crient au scandale en appelant à la disparition de la vieille garde patronale et de ses casseroles
Que peut-on espérer de cette nouvelle génération ?
Nouvelle génération, entre parenthèses, âgée de 50 à 60 ans, symbolisée par deux « dames de fer » mais composée « d’hommes d’affaires », dont certains de seconde génération, n’ayant pas toujours connu la réussite dans d’autres entreprises de service. Notre Syndicat a justement « la chance » d’avoir suivi beaucoup d’entreprises aujourd’hui en passe de « prendre leur juste place au Medef » – et les répercussions quotidiennes de leurs politiques sociales, sur le long terme, à l’égard de leurs salariés.
Notre Syndicat est même en mesure de mesurer la réalité de l’application des idées contenues dans les accords négociées par les DRH d’Accor dans les hôtels et unités du groupe
Salaires : dans les « grosses » filiales hôtelières, le groupe ne négocie pas les salaires inférieurs ou équivalents au SMIC préférant se laisser dicter l’augmentation par le gouvernement. La majorité des salariés se trouvent dans une fourchette SMIC à SMIC + 30% même en exerçant des responsabilités hiérarchiques. Le groupe profite ainsi au maximum de « la trappe à bas salaires ». Faut-il croire que les multinationales profitent innocemment de l’aubaine des remises de cotisations sociales généreusement consenties par les contribuables français sans aucun lien de cause à effet ? En 2005, celles-ci avoisinaient le cinquième du résultat net mondial du groupe Accor ! Et leur montant n’a pas diminué depuis.
Conditions de travail/pénurie d’emploi : le 13 mai 2003, bien avant l’avenant à la CCN de juillet 2004, notre Confédération en la personne de Rémi Jouan, a rappelé le poids du groupe Accor dans l’avenir de la profession, sa responsabilité dans la pénurie des emplois qualifiés et l’amélioration des conditions de travail. Le groupe a « laissé faire » les hôteliers et les restaurateurs indépendants
Emploi des personnes handicapées : le groupe a conclu des conventions avec l’AGEFIPH lui permettant de gérer le montant de sa cotisation en interne. La CFDT constate que les victimes d’accidents du travail sont licenciées alors que le montant de ce budget finance de la publicité et des actions de formation auparavant prises en charge par le groupe. Au point où la CFDT menace de ne pas reconduire cet accord.
Formation professionnelle : le groupe a certes créé une académie de formation et depuis peu une seconde au Maroc, mais la majorité des stagiaires sont des membres de l’encadrement, voire de l’encadrement supérieur, permettant de conserver en interne les budgets de formation des différentes sociétés du groupe. Ainsi, ces budgets ne servent pas forcément aux personnels visés par « l’esprit du législateur ».
Dialogue social : malgré la bonne volonté affichée et les discussions en haut lieu, la CFDT doit régulièrement faire observer la neutralité obligatoire de la direction au premier tour des élections professionnelles. Ce qui n’empêche pas de se retrouver avec des candidats sans étiquette au second tour. Et ils sont parfois assez organisés !
Développement durable : le groupe semble ne s’en préoccuper que dans les pays où des aides publiques sont disponibles et dans ce cas, les actions concernent une minorité d’hôtels correspondant au plafond des subventions consenties. Sinon, aucune politique volontariste ne semble se concrétiser. Le groupe produit un rapport « développement durable (RSE) » pour répondre à son obligation aux actionnaires mais les indicateurs ne permettent pas de mesurer une évolution favorable à la préservation de l’environnement d’année en année.
En conclusion, l’action en interne des services des Ressources Humaines dont Cathy Kopp a la direction, reste de l’ordre de la « belle idée ». Elle trouve peu d’application tangible sur le terrain à moins qu’un cadre ne prenne le risque de se faire repérer en affichant son allégeance à ces théories. Le résultat économique du groupe l’emporte toujours sur le résultat social et le résultat environnemental, le fameux triple résultat de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) dont Accor est censé être un pionnier.
Un peu comme notre Code du travail actuel ! Nul n’ignore son existence mais peu d’entreprises le respectent à moins d’y être contraint par un tribunal ! Ne pas appliquer les lois est préjudiciable au résultat social et environnemental mais améliore le résultat économique. Où est donc l’intérêt de réécrire ce Code si ce n’est de réduire le coût du social ? Par exemple, faire croire que les licenciements d’accidentés du travail sont des « licenciements à l’amiable » ? Priver les salariés des primes de précarité en substituant des périodes d’essai de longue durée aux CDD ?
Sommes-nous assez naïfs pour croire en un avantage quelconque pour les SMICards ? Les industries anciennes perdent le pouvoir au Medef et l’oreille du gouvernement au profit des nouveaux entrepreneurs financés par les fonds d’investissement . Ce n’est pas parce qu’on érige leurs négociateurs(trices) en vedette qu’au nom de la modernité, leur action soit plus légitime ou plus juste que celle, jadis, des paternalistes et des philanthropes de l’industrialisation.
La preuve : les conventions collectives de la métallurgie, de la chimie, de l’automobile, de la banque, des services publics
Celles signées par les patrons de la vieille garde malgré la logistique et les fonds secrets investis pour amoindrir la « cause salariale », sont aujourd’hui nettement supérieurs en termes de salaires et d’avantages que celles « arrachées » à la nouvelle génération. Au point où son objectif, que cela soit en France ou à l’international, est de les détruire
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