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Affaire DSK. C’est grâce aux syndicats que la victime présumée a pu se défendre

Ancien chef du FMI Dominique Strauss-Kahn attendant son cautionnement à la Cour suprême de l'État de New York, le 19 mai 2011. (RICHARD DREW / AFP / Getty Images)

Selon le site américain « In These Times », l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn n’a pas seulement bouleversé la géopolitique mondiale, elle a également mis en lumière les dessous sordides de l’industrie hôtelière (et les droits octroyés par la présence syndicale)…

 
Les employés, dont beaucoup sont des femmes immigrées, sont restés longtemps silencieux sur leurs propres contes d’agression sexuelle par crainte de perdre leur emploi, surtout dans une branche qui met l’accent sur la servilité et la discrétion. Mais la femme de 32 ans, originaire de Guinée, qui s’est élevée contre le désormais ex-chef du Fonds monétaire international n’a pas à s’inquiéter au sujet de telles représailles, en partie grâce à la protection due à son appartenance à un syndicat.
Les employés de l’Hôtel Sofitel, où le viol présumé est survenu, sont représentés par un syndicat, le Conseil des métiers des hôtels et motels New Yorkais. Et comme Adele M. Stan souligne pour Alternet, la femme de chambre ne pouvait être congédiée pour cette dénonciation en raison de la Convention Collective signée entre le syndicat et l’hôtel.
La femme de ménage, une mère célibataire, immigrée en situation régulière aux États-Unis depuis plusieurs années, s’est élevée contre Strauss-Kahn, qui a occupé l’une des positions politiques les plus puissantes du monde avant sa démission.
Les dispositions de sa convention collective – telles que la sécurité de l’emploi et les canaux de règlement des griefs – fournissent des garanties pour régler les problèmes relevant de la sécurité au travail. Elles facilitent également la mise en cause de la responsabilité non seulement des clients mais aussi de la direction, des rapports récents ayant montré que certains hôtels ont essayé par le passé de taire des incidents similaires.
Pendant ce temps, M. Strauss-Kahn reste actuellement assigné à résidence à New York et attend son procès sur des accusations de viol et d’abus sexuels. L’homme de 62 ans de nationalité française défend son innocence et affirme que la rencontre a été consensuelle.
La forte présence des syndicats locaux a permis aux employés des hôtels de bénéficier de droits biens supérieurs à leurs homologues d’autres états. Les employés des hôtels de New York City sont les plus syndiqués du monde avec un taux d’adhésion de plus de 75% selon le Conseil des métiers des hôtels et motels New Yorkais, qui représente plus de 300 000 membres non-cadres. Aux États-Unis, l’appartenance syndicale dans l’industrie hôtelière est de seulement 8%, selon le ministère du Travail.
Dans un secteur où accommoder le client est primordial, de nombreuses travailleuses hésitent à signaler les incidents, car elles craignent d’être licenciées pour avoir causé des ennuis, ou que l’hôtel prenne simplement la défense de l’usager au lieu du travailleur. Dans le sillage de l’arrestation du Strauss-Kahn, le syndicat du personnel hôtelier de New York décrit l’état actuel de l’industrie dans un éditorial sur son site Web :

[Les travailleurs] peuvent à tout moment être punis, pénalisés, congédiés ou tout simplement refusés au travail sans motif. Les travailleurs non syndiqués qui se trouvent également être des sans-papiers – soit une grande proportion de l’effectif total de l’industrie hôtelière des États-Unis – vivent presque entièrement sans la protection de la loi.
Pour ces raisons, les employeurs en général, n’hésitent pas à maltraiter les employés, les tromper, ne pas tenir compte de leur sécurité, les dépouiller de leur dignité, et violer même les quelques misérables droits légaux qui existent en théorie, sachant qu’ils peuvent le faire en toute impunité. Ainsi, les employés dans cette industrie, à travers le monde, ont généralement trop peur pour se plaindre de quoi que ce soit.

Cet incident a mis en lumière la nature des travaux d’entretien ménager, qui est généralement le plus physiquement exigeant de l’hôtel. Les femmes de chambres nettoient quotidiennement de 10 à 14 chambres effectuant le pliage, le lavage, le passage de l’aspirateur, et le vidage des poubelles. Au-delà de ces tâches, il y a la dimension supplémentaire de l’isolement dans la chambre. Des travailleurs de l’industrie sont venus témoigner de leurs propres comptes d’agression sexuelle allant de l’exhibitionnisme aux commentaires explicites et davantage, suggérant que ces incidents sont plus fréquents qu’on ne le pensait.
En réponse à l’attention accrue, les législateurs de New York ont adopté des lois pour imposer « des alarmes de sécurité personnelle » pour les travailleurs des hôtels. Mais il est facile d’oublier les syndicats et la négociation collective dans la fourniture des garanties, alors même que ces droits sont soumis à des régressions partout dans le pays.
 


 
– Traduction d’un article paru sur le site « In these times » (25/05/2011).
– Liens dans le texte vers des articles en anglais.
– Voire également guardian.co.uk.