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Cette semaine, le journal « lhôtellerie » a publié son enquête annuelle sur les salaires dans lhôtellerie et la restauration indépendantes. Basée sur les salaires moyens, celle-ci nous fait habituellement bondir. Pour schématiser, il suffit de prendre un « bas » salaire à 1 000 et un « haut » salaire à 2 500 pour affirmer que le salaire moyen est de 1 750 . Lannée suivante, on prend un salaire à 1 002 et un autre à 3 000 soit un salaire moyen de 2 001 et presto, on peut affirmer que le salaire moyen a augmenté de « plus de 14% ». Heureusement, léchantillon utilisé pour lenquête de « lhôtellerie » est plus large et lanalyse un peu plus fine mais le principe est le même.
Cest ainsi par exemple que dès la page 2, lenquête parvient à démontrer que les salaires moyens des hommes et des femmes, quelque soit lemploi, seraient sensiblement les mêmes. Légalité professionnelle serait de mise dans la restauration ? Si on considère que la plupart des 53% de SMICards et de temps partiel sont des femmes, bien sûr que non. Et page 3, une graphique montre que les femmes sont essentiellement employées aux postes les moins rémunérées et les moins qualifiées.
Mais encore
Cette enquête ne parvient pas à démontrer que le salaire moyen a évolué positivement. Recouvrant des situations diverses, la moyenne des salaires moyens aurait évoluée de -0,1%. Oui ! Moins de zéro pourcent !
Lenquête de « lhôtellerie », sans doute à contrecoeur, vient donc soutenir des arguments que nous développons depuis des années. La trappe aux bas salaires est bien ouverte !
A linverse de notre exemple exagéré ci-dessus, les employeurs rémunèrent de moins en moins bien les emplois les plus qualifiés pour les tirer vers le SMIC afin de profiter des remises de cotisations sociales et les aides « Sarkozy ».
Les salaires moyens des Chefs de rang, des Chefs de réception, des cuisiniers, des barmans et des serveurs sont en chute libre. Dans la restauration indépendante, la fonction de « Directeur détablissement » qui équivaut de plus en plus souvent à celui de Chef de cuisine chargé des tâches administratives de gestion, est en hausse et dans lhôtellerie en baisse (+4,7% et -4,6% respectivement).
Les Chefs de cuisine tirent leur épingle du jeu dans lhôtellerie indépendante, là où la pénurie se fait vraiment ressentir, mais pas dans la restauration (+14,4% contre -6,6%) qui privilégie le cumul des tâches du Directeur détablissement.
Seules les Gouvernantes semblent bénéficier d’un effet positif de cette pénurie de main duvre qualifiée.
En revanche, pour toutes les qualifications payées au plus près du SMIC, les serveurs, les réceptionnistes, les agents techniques, les commis de cuisine, les veilleurs de nuit, les plongeurs, les femmes de chambre et les femmes de ménage, le salaire moyen baisse. Alors que le nombre de SMICards augmente, lévolution du salaire moyen est inférieure à celle du SMIC. Comment donc expliquer cela ? Le journal, dailleurs, ne lexplique pas. La CFDT, si ! Contrairement à leurs promesses maintes fois exprimées, les employeurs utilisent les remises de cotisations sociales et les aides « Sarkozy » à conforter leurs marges plutôt que daméliorer les salaires, les conditions et le nombre demplois.
Heureusement que les « prévisions » dembauche sont en hausse. Mais il faudrait être Ministre pour y croire !
Source : « l’hôtellerie » n° 3051 du 18 octobre 2007 – Supplément Salaires