Chez le n° 1 de l’hôtellerie française, les fonds d’investissement souhaitent profiter du prétexte de la crise, finie selon les pouvoirs publics, pour satisfaire leurs appétits voraces. Il faut défendre la qualité de nos emplois contre les profits des prédateurs !
Dans les années 1970, Jacques Borel obtenait des soutiens bancaires grâce à son invention des Tickets-Restaurant, pour développer ses hôtels Sofitel et ses fast-food Wimpy.
Dans les années 1980, Pélisson et Dubrûle lui succédèrent, créant le groupe Accor, finançant leurs hôtels grâce aux activités génératrices d’avances de trésorerie telles que la restauration collective, les centrales d’achat et les titres de service.
A l’époque, la CFDT s’interrogeait sur l’opportunité de laisser des intérêts privés imprimer leur propre monnaie, encore strictement interdit par la loi. Le gouvernement de l’époque ne s’est pas préoccupé de telles considérations, l’intérêt de l’Etat et des travailleurs s’effaçant devant les intérêts du capitalisme mondial.
Après avoir gonflé leurs dividendes durant de longues années grâce aux exonérations fiscales et remises de cotisations sociales sorties des poches des contribuables français, Colony Capital et Eurazeo souhaitent réaliser encore une plus-value à court terme sur le dos des salariés : créer deux entreprises à partir d’une en séparant l’hôtellerie des services prépayés. La direction joue le « buzz » depuis plusieurs mois pour amortir l’effet de la crise sur la cote de l’action.
Quid des angoisses des salariés pour l’avenir de leurs emplois !
En effet, casser le modèle économique qui assure la réussite du groupe depuis 40 ans est une folie spéculative du même ordre que celles qui ont plongé le monde dans la récession. Nous ne sommes plus dans une gestion de croissance à long terme mais dans un exercice de haute voltige financière au service des profits à court terme, imaginée par des fonds d’investissement !
Il reste quelques mois avant que l’assemblée générale n’entérine définitivement ce projet. Mais il reste peu de chances que les actionnaires minoritaires puissent faire renverser la décision même si certains d’entre eux, comme le Fonds Stratégique d’Investissement qui partage l’avis de la Caisse des Dépots et Consignations, que cette opération est « trop dangereuse ».
Pour les salariés des hôtels, il y a de quoi être inquiet ! Sans le « coussin financier » des services, la variable d’ajustement sera l’emploi. Pour servir des dividendes, non seulement les demandes de gains de productivité seront plus pressantes mais la précarité s’installera pour réagir plus rapidement aux fluctuations d’activité.
Pour minimiser les risques des actionnaires, les programmes de cessions, de contrats de gestion et de franchise seront accélérés. Cela veut dire que les acquis seront bradés. Le contrôle du droit du travail, les négociations salariales, la gestion des ressources humaines se passeront dans l’hôtel et non plus à un niveau central. Bref, chacun pour soi !
L’hôtellerie du groupe Accor risque à terme de ne plus gérer que des portefeuilles de contrats et d’enseignes, laissant la gestion de l’activité et de l’emploi à des gestionnaires sous contrat. Certaines marques ont déjà des souvenirs douloureux de ce type de gestion.
Pour le pôle services financiers, largué dans un monde de pure spéculation financière davantage connu du monde bancaire, les salariés risquent de sérieux changements dans la nature de leur travail.