Depuis quelques jours, certains ressuscitent le SMIC hôtelier (1). Selon eux, les employés des hôtels, cafés, restaurants seraient des nantis touchant un salaire minimum supérieur au SMIC national « soumis à une spirale inflationniste dangereuse pour léconomie française ».
On ne pourrait être plus loin de la vérité !
Prenons nimporte quel salarié en France qui touche le taux horaire du SMIC. Si son employeur lui verse des Titres Repas totalement exonérés de cotisations sociales, va-t-on lui dire que son salaire nest plus égal au SMIC national mais à un « SMIC Dumachin » supérieur ?
Cest pourtant ce que font croire les journalistes et les médias mal-renseignés qui gobent la propagande de « grandes gueules » comme André Daguin (2), président de lUMIH.
Jugez-en !
Avantages en nature
avantages à qui ?
Un grand nombre demployeurs pratiquent toujours les 39 heures/semaine. En faisant une généralité, ils comptent donc 169 heures mensuelles au taux horaire du SMIC (1 426,36 ), la majoration de 4 heures supplémentaires/semaine à 10% de lheure (14,63) et des avantages en nature à raison de 2 par jour soit 44 repas à 3,21 (141,24 ) soit un total de 1 582,23 .
Or, ces avantages en nature sont ajoutés en haut de la feuille de paie pour que leur montant soit soumis aux cotisations sociales. Ce montant est retiré en bas de la feuille de paie pour payer à lemployeur la nourriture éventuellement consommée.
Résultat : en salaire net, le SMIC des employés de la restauration est inférieur au SMIC net national surtout sil sagit dun SMIC pour 169 heures mensuelles.
Un SMIC net « hôtelier » pour 169 heures mensuelles est de 1 117,35 si le salarié consomme ses deux repas/jour contre 1 160,57 pour le SMIC net « normal » sans nourriture. Et si ce même SMICard est nourri une fois par jour, la valeur de ses Titres Restaurant rajoute 107,58 à son SMIC national (3), soit au total 1 268,15 .
Pour améliorer « leur » SMIC en net, les employeurs des HCR prétendent que tous les salariés sont payés 2 repas/jour mais nen consommant quun, ils touchent le second sous forme dindemnité. Or, ce cas est depuis longtemps rare dans la profession !
Les employeurs ont arrangé les horaires de travail pour ne plus nourrir le personnel quune seule fois par jour, échappant ainsi à ce versement qui les empêchait de toucher le maximum daides de lEtat. De plus en plus, ils adoptent les 35 heures ou le temps partiel pour ne plus nourrir le personnel du tout.
En réalité, lemployé se voit souvent retirer doffice des cotisations sociales pour des repas non consommés pour diverses raisons : horaires ne correspondant pas aux heures de repas, ambiance désagréable, lemployeur qui leur réserve les restes non consommés par les clients. Dans les grands restaurants/hôtels : réfectoires inadaptés, bruyants, temps dattente trop longs
Certains hôtels préfèrent fermer leur réfectoire, payer 3,21 dindemnité repas (même pas le prix dun sandwich) et envoyer leur personnel déjeuner dans le quartier. Dautres ont le culot de verser lindemnité et de vendre un repas plus cher au personnel !
La aussi, on est loin de la notion de la « nourriture saine, abondante et variée » préconisée par certaines Conventions Collectives prévoyant une entrée, un plat, fromage et dessert, un quart de vin, bière ou boissons rafraichissantes.
A lorigine, la valeur de lavantage en nature représentait la rémunération dune heure de travail. Il serait temps de les revaloriser !
Le SMIC Hôtelier qui ferait de nous des nantis à envier par tous les autres SMICards de France nest quun grossier mensonge patronal. On est loin des contreparties que les salariés des HCR sont en droit dattendre considérant les remises de cotisations sociales, aides Sarkozy et autres cadeaux fiscaux consentis à nos employeurs.
Notes :
(1) Celui-ci est mort en juillet 2004 lorsque les employeurs ont enfin renoncé à la déduction de la demi-valeur des avantages en nature du montant du SMIC national pour en faire le « SMIC Hôtelier ».
(2) Un label quil porte avec fierté dans une émission radio du même nom sur RMC Info.
(3) 22 Titres Restaurant à 4,89 exonérés de cotisations sociales.