[audio:926.mp3]
Quelques patrons de bars-tabacs vont aujourdhui défiler dans Paris avec le soutien de leur syndicat patronal, la Confédération des débitants de tabac, soutenue par lUMIH, très intéressée par lissue du conflit.
En effet, la CFDT revendique le droit de ne pas appliquer la Loi
tout comme lUMIH ! Ainsi, les employeurs de bars, tabacs, cafés, restaurants, hôtels indépendants, etc. voudraient le droit de déroger au droit du travail, au droit fiscal et au droit de la santé publique. Mais où vont-ils sarrêter ? Ils finiront des « hors-la-loi » !
Lenjeu : au 1er janvier 2008, ces établissements doivent appliquer la loi sur la consommation de tabac. Cest-à-dire une interdiction absolue dans les locaux à usage collectif. Désormais, cest le non-fumeur qui aurait la préférence. La collectivité a enfin constaté que les coûts des maladies et des méfaits liés au tabac coûtent plus cher que lactivité économique qui en découle. A quand de telles décisions dans les domaines social et écologique ?
Grâce à leurs entrées à lUMP, les cafetiers/buralistes ont déjà obtenu un délai pour se mettre en conformité. Toutes les entreprises de toutes les branches professionnelles, sauf les HCR, ont du mettre en uvre cette législation au 1er février 2007. Quont-ils donc fait pour adapter leurs locaux, de surcroît à laide de subventions de létat grâce un programme de modernisation du secteur, ou pour éduquer leur clientèle ? Rien. Ils se sont contentés dattendre !
Aujourdhui, ils proposent de créer des fumoirs avec des extractions spécifiques. Autrement dit, ils proposent dappliquer la loi Evin du 10 janvier 1991 dont le constat de la non application a été lune des principales motivations de linterdiction totale de fumer dans les lieux publics. Et ce, à linitiative de Nicolas Sarkozy à qui ils font appel pour faire modifier leurs obligations !
Même sil subsiste un certain patronat darrière garde qui cherche à exploiter le couple tabac (déprimant) café (remontant) que tout ancien fumeur aux poches profondes – a du combattre lors de son sevrage, il existe heureusement une fraction patronale plus progressiste. Ainsi, une étude DNF-TNS Direct, publiée hier, a pu faire ressortir les effets bénéfiques de l’interdiction dans les établissements déjà passés 100% non-fumeurs (sans attendre dy être contraint, donc) ou qui disposent d’un espace couvert fermé et séparé (appliquant la loi Evin) : 36% des interrogés évoquent une hausse de fréquentation, contre 7% une baisse, et 26% une amélioration du chiffre d’affaires, contre 7% une détérioration.
Que les employeurs assument seuls les conséquences de leur irresponsabilité, pourquoi pas ? Quils choisissent de gagner plus pour vivre moins, cest leur affaire. Mais ce nest pas le cas
Les seuls perdants sont les salariés dont les employeurs (de lindépendant à la chaîne multinationale) refusent dappliquer la loi. Fumeurs passifs, ils (elles) sont obligé(e)s dencourir le risque dune maladie professionnelle non reconnue et les conséquences sur leur progéniture. Le tabagisme passif est en effet particulièrement nocif pour les femmes enceintes et selon certaines sources, contribue à la stérilité des hommes.
53% des salariés, rappelons-le, sont rémunérés au taux horaire du SMIC et 61% de leurs employeurs en Ile de France fraudent lURSSAF !
Les revendications « patronales » des buralistes/UMIH sont purement et simplement inacceptables et la CFDT rappelle le Président de la République à ces engagements déjà battus en brèche par ce lobby.
Par ailleurs, selon le député Yves Bur (UMP), auteur de la proposition de loi traduisant les intentions présidentielles, le revenu des buralistes a augmenté de près de 28% depuis 2002 (le SMIC tant décrié a évolué de 11,1% sur la même période). Le chiffre d’affaires moyen par débit de tabac a progressé de 13,5 % (le marché stagne mais le nombre d’officines diminue), auquels s’ajoutent 160 millions d’euros d’aides annuelles (1).
A ce rythme, on verra bientôt les constructeurs automobiles qui manifestent contre la diminution du nombre de morts sur la route et des marchands darmes en faveur des guerres !
(1) Source : Les Echos (abonnement)