Dans la semaine du 22 avril, en préalable à l’assemblée générale des actionnaires du groupe Accor, le Conseil d’Administration a jugé bon de se séparer de son P.-D.G., Denis Hennequin. Sous le joug des fonds d’investissement Colony Capital et Eurazeo, le prétexte à ce limogeage comprenait un plan de départs volontaires parmi les personnels des sièges jugé trop généreux et une mise en œuvre trop lente de la mise en franchise des hôtels encore détenus en direct.
Le Conseil d’Administration a ensuite voté une indemnité de départ pour Denis Hennequin, conforme à celles de ses prédécesseurs :
– Jean-Marc Espalioux (1997 – 2006) 12 000 000 € soit 1 333 333 par année d’ancienneté,
– Gilles Pélisson (2006 – 2010) 5 000 000 € soit 1 250 000 € par année d’ancienneté,
– Denis Hennequin (2010 – 2013) 4 000 000 € soit 1 333 333 € par année d’ancienneté.
Hormis le fait que cela représente une vie (77 années) de SMIC brut par année d’ancienneté dans ses fonctions (un peu moins pour GP et un peu plus pour JME), ces montants sont tout à fait indécents dans le contexte de crise actuel.
Imaginons un instant que Denis Hennequin soit un cadre « normal » avec un salaire de 2 500 € bruts par mois (pas mal après 3 ans d’ancienneté), son départ dans le cadre du plan qu’il concoctait pour ses subordonnés aurait été compensée par une indemnité de 10 875 €. Ce montant se compose de l’indemnité légale de 1/5ème d’un mois de salaire à laquelle s’ajoute une indemnité supra-légale de 1,25 mois de salaire par année d’ancienneté.
Si Gilles Pélisson, dans les mêmes conditions de salaire, était parti dans le cadre du Plan de Départs Volontaires de 2011, il aurait touché 19 500 € d’indemnité de rupture, soit l’indemnité légale améliorée d’une compensation supra-légale de 1,75 mois de salaire par année d’ancienneté, une différence d’un demi-mois de salaire par an.
Dans ces conditions, ramené à l’année d’ancienneté, cela représente 4 375 € dans le cadre du PDV 2011 et 3 625 € dans le cadre de celui de 2013. Une différence de 1 à 360 en faveur du patron sur le départ !
Ainsi, les actionnaires majoritaires du groupe Accor ne trouvent rien à redire sur les 1,25 millions d’euros (minimum) prélevés sur le résultat annuel de façon récurrente pour les départs plus ou moins volontaires de ses Directeurs Généraux (Yann Caillère peut dormir tranquille !)
En revanche, l’indemnité, en forte baisse par rapport aux précédentes, et versée en une fois en échange d’un salaire dont l’entreprise fera à jamais l’économie, est jugée « trop généreuse ».
En effet, en rendant l’ambiance de travail un chouia plus exécrable, ils partiraient peut-être d’eux-mêmes ! Comme celles et ceux, franchisés de force avec perte de leurs avantages et garanties.
Notre syndicat dénonce vigoureusement ces disproportions qui rendent sans cesse, les riches plus riches et les salariés les moins payés, plus pauvres et plus précaires.