LSG Skychefs, un major de la restauration aérienne a mis fin à la syndicalisation de ses salariés britanniques en 2000 à la suite dun lockout* qui a duré plus de 18 mois. Depuis, cette compagnie dorigine allemande a pu diminuer sa masse salariale et augmenter sa productivité de manière à faire des réponses moins chères aux appels doffres des compagnies aériennes.
Aux Etats-Unis, Gate Gourmet uvre de manière identique réduisant les salaires de ses employés et anéantissant leurs droits aux congés payés, à la prévoyance et aux retraites. Les quelques 6 000 salariés de Gate Gourmet travaillent sans contrat collectif depuis plus dun an dans les aéroports et les gares américains.
En mars 2005, LSG a repris à Gate Gourmet, le contrat de Virgin Airways. Ce fait aurait provoqué chez Gate Gourmet des idées vengeresses
Gate Gourmet, propriété de Texas Pacific Group et ancienne filiale de British Airways, aurait perdu £22 millions (32,5 millions) lannée dernière et sans une restructuration prétend quelle perdra £25 millions (36,8 millions) cette année. Pourtant, la compagnie a augmenté le nombre davions gros porteurs servis quotidiennement de 42 à 72.
Lundi dernier, le quotidien britannique, le Daily Mirror a révélé un plan daction de la direction de Gate Gourmet intitulé « Milestones » consistant à provoquer un conflit afin de remplacer la totalité de ses salariés à l’aéroport de Heathrow (Londres) par de la main d’oeuvre pas chère.
En résumé, ce plan devait, sur une période de 15 semaines, permettre de licencier lensemble des salariés en place pour les remplacer principalement par du personnel venant des pays de lest, embauché par lintermédiaire de sous-traitants créés pour loccasion afin de les payer moins cher et minimiser les risques de conflits.
Léconomie projetée était de £6,5 millions (7,94 millions) par année après un coût pour sa mise en uvre de £2,5 millions (3,05 millions). Gate Gourmet aurait également économisé £7 millions (8,55 millions) par an en termes de pensions de retraite quelle naurait pas à verser dans les années à venir.
Il s’agissait de provoquer les salariés afin de les inciter à sengager dans un mouvement de grève illégal, ce qui permettrait de les licencier collectivement sans indemnité et dintenter des actions en justice contre eux pour obtenir déventuels dommages et intérêts.
Le Daily Mirror évoque les voyages trans-atlantiques des plus hauts dirigeants de Gate Gourmet qui ont mijoté ce plan pendant plusieurs semaines.
Divers scénarios ont été envisagés. Dans la réalité, la compagnie a proposé en raison de ses « difficultés économiques » de réduire les salaires de £2 de lheure (2,95), la suppression de toute majoration des heures supplémentaires, une réduction du nombre de congés payés et des indemnités journalières en cas de maladie ainsi quune flexibilité des jours de travail. Pour mettre la pression, la direction a fait venir 130 travailleurs temporaires dans les ateliers et cuisines pour démontrer que la main d’oeuvre est remplaçable.
Lorsque quelques deux cents salariés (sur 800) se sont réunis à lappel de leur syndicat (TGWU) à la cantine pour entendre un compte rendu des négociations, la direction a crié à un arrêt de travail sauvage et a intimé lordre aux salariés de rejoindre leurs postes de travail dans les trois minutes sous peine de licenciement. Pendant ce temps, certains salariés témoignent que les issues étaient bloquées par des vigils. Lorsque les autres salariés ont pris leur travail lors des changements déquipes, la direction leur a annoncé par mégaphone, queux aussi étaient licenciés. Les salariés n’ont pas eu le choix que de se lancer dans des actions de protestation avec l’appui de leur syndicat.
Dans le même temps, plus de 50 chauffeurs-livreurs polonais ont déjà été embauchés par des sous-traitants pour conduire les véhicules aux logos de Gate Gourmet. La compagnie leur avancent le coût de leur trajet en autocar et leur sous-loue des logements dont le loyer est prélevé directement de leur salaire. Ils reçoivent une formation dans un lieu tenu secret pour éviter qu’ils apprenent le conflit en cours.
Selon le Daily Mirror, le plan proposait également de communiquer à la hiérarchie des notes afin dinformer les responsables sur la manière de licencier les salariés sans indemnité (Mise à pied immédiat pour faute grave. Reprendre lidentification professionnelle, les cartes daccès à laéroport, les clefs des vestaires. Ressources Humaines confirmeront immédiatement le licenciement. Faire venir un vigil pour assister à lentretien. Faire éconduire le salarié par le vigil
) et comment véhiculer des messages à la clientèle par les responsables hiérarchiques du bas de léchelle afin de plaider la cause de lentreprise et nier les « rumeurs sans fondement ».
Gate Gourmet admet l’existence de ce plan mais nie l’avoir mis en oeuvre.
Continuez à exprimer votre solidarité à partir de cette page (en anglais).
* lockout = lorsqu’un employeur empêche ses salariés par la force d’accéder à leurs postes de travail
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