Depuis le mois de mai, les salariés d’AEVA entendent parler d’un plan de sauvegarde de l’emploi. La direction a investi dans des systèmes informatiques destinés à transférer le travail de ses employés chez le client afin d’améliorer ses marges et détruire des emplois.
Déjà 64 salariés ont fuit les mauvaises conditions de travail qui y règnent, préférant quitter l’entreprise sans indemnité. 32 autres seraient en suspension de contrat (congé de création d’entreprise, sabbatique, etc).
Résultat, l’entreprise fait appel à des intérimaires et des CDD afin d’assurer le travail.
Aux opérations, c’est le règne de la désorganisation : surcroît de travail, démotivation, stress, inquiétude, qualité de service épouvantable
Au service comptabilité, la direction demande aux salariés de combler certains postes sur les plateaux téléphoniques au pied levé par manque d’effectif.
La montée des transactions on-line ne s’effectue pas aussi rapidement que la direction le prétendait.
N’est pas agent de voyage qui veut ! Les clients rechignant à investir dans la formation nécessaire pour opérer le portail de voyages mis en uvre par AEVA, et ils échouent dans leurs opérations. En plus de leur travail habituel, les salariés doivent s’improviser formateurs à distance et faire face au mécontentement de ces clients.
Mais alors que l’on en parle depuis plus six mois, le PSE n’est pas encore officiellement lancé et va traîner jusqu’en 2007. La direction projette toujours 349 suppressions d’emplois étalées sur au moins 18 mois.
Une première « tranche » sera entamée en janvier et les lettres de licenciement tomberont dans les boîtes à lettres des salariés concernés en mars/avril.
La CFDT n’est pas signataire de l’accord de méthode qui permet de faire traîner ce PSE qui n’en est pas un, en long et en large. Même la direction l’a débaptisé et adopté le terme « Processus de transformation ». En effet, l’entreprise est très loin de connaître des difficultés économiques et une telle durée relève de la manipulation psychologique plutôt que de la sauvegarde d’emplois. Les annonces de chiffres précis (413 suppressions d’emploi, maintenant 349 !), les « notes de suivi », les articles de presse, tout concourt à renforcer le sentiment d’insécurité de l’emploi.
Ainsi, la démotivation contraint les salariés à solliciter un départ volontaire (voire à démissionner) ou à fuir l’entreprise comme ils peuvent. Même les critères de choix des personnes à licencier, jugés injustes par la CFDT, paraissent préférables à la débandade actuelle.
La concurrence syndicale se fissure
Les salariés contestent de plus en plus la signature de l’accord de méthode par le syndicat majoritaire (CFTC). Le Représentant Syndical au CE vient de démissionner. La Secrétaire du CE, de peur de se faire verbalement agresser, évitait les contacts durant la fête de fin d’année des enfants. Lors d’une réunion houleuse des délégués de son étiquette, ce n’est pas une personnalité de l’organisation syndicale qui est venue défendre le dossier mais l’ancien délégué syndical retraité.
Les membres des CHSCT régionaux qui avaient voté contre une expertise à propos de l’introduction des nouvelles technologies risquent de se révolter et réfléchissent maintenant à une expertise des conditions de travail.