Les américains ont un dicton qui se traduit ainsi : « On peut leurrer quelquun quelque temps mais on ne peut pas leurrer toujours tout le monde ». AEVA le retient bien en profitant au coup par coup des ambiguïtés législatives.
Résultat : ses salariés, victimes dun sous-effectif criant travaillent dans des conditions de stress grandissant malgré les renforts dintérimaires appelés aux secours.
La multinationale a en effet obtenu le départ denviron 320 salariés par une interprétation du droit des plus contestables. Annonçant les mesures dun éventuel Plan de Sauvegarde de lEmploi par un « accord de méthode » instauré par la loi de cohésion sociale de décembre 2004, la mise en uvre de celui-ci est devenu effective quelques huit mois plus tard. Un délai suffisant pour que la quasi-totalité des ruptures de contrats de travail seffectue sur la base de départs volontaires. La direction a annoncé au Comité Central dEntreprise (CCE), la clôture de la première phase du PSE en avril dernier, annulant les derniers départs, et reconnaissant de ce fait, avoir mésestimé lévolution de son marché. Ce faisant, AEVA a coupé court à toute saisine de la justice en annulation du plan.
Alors que le groupe na jamais rompu avec les bénéfices (le PSE était destiné à améliorer ceux-ci) la direction, lors de la Négociation Annuelle Obligatoire a refusé toute idée dune augmentation générale des salaires. Elle propose en lieu et place, la prime dintéressement dite « de Villepin » et le consacre dans un accord de salaires. Celle-ci est bien entendue, exonérée de cotisations sociales et représente un montant de 320 par salarié.
Jusquà présent, il était interdit dintégrer des primes dintéressement dans le calcul du salaire. Celles-ci devaient avoir un caractère aléatoire en fonction des résultats de lentreprise. La prime « de Villepin » introduit une ambiguïté en exigeant que dans certaines entreprises, cette prime soit mentionnée dans un accord collectif de salaires. La loi ne dit pas que cet accord doit prévoir une augmentation ! AEVA na pas hésité à saisir cette ambiguïté pour la mettre à profit.
La situation est cocasse : une multinationale largement bénéficiaire utilise un dispositif pour des entreprises en difficulté pour se défaire dune partie de son personnel, refuse daugmenter les salaires mais profite dun dispositif destiné aux entreprises performants pour économiser des cotisations sociales !
Parallèlement, AEVA propose un accord de « revitalisation des territoires de Nord-Isère et de Roubaix-Tourcoing » en injectant 1 033 500, 00 sur deux ans pour soutenir des créations dentreprises qui, selon les descriptions fournies, pourraient être de futurs sous-traitants. Cette « revitalisation » dont la gestion sera confiée à un cabinet de consultants privé, bénéficie de financements publics provenant des Conseils Régionaux, des Conseils Généraux et des Chambres de Commerce et dIndustrie. Investissement optimisé ou acte désintéressé ?