Arguments
A fin 2010, le secteur de l’hôtellerie – tourisme – restauration occupait selon l’INSEE, 933 000 salariés répartis dans tout le pays.
Notre syndicat, qui oeuvre exclusivement en Ile de France, compte quelques 5500 adhérents et de très très nombreux sympathisants qui fréquentent nos permanences et votent pour nos équipes dans les entreprises. Nous soutenons des salariés à travers la région qui cherchent à organiser leurs collègues afin de peser sur leurs conditions de travail, obtenir la parole dans l’entreprise et améliorer leur niveau de vie.
Mais la majorité des travailleurs du secteur – environ 90% – n’appartient à aucun syndicat. Les travailleurs non-syndiqués dans la profession sont les moins favorisés – même lorsqu’ils travaillent dans le secteur depuis des décennies – quand il s’agit des salaires, des avantages acquis et des conditions de travail.
Vous avez besoin d’un syndicat
La présence d’une organisation syndicale dans l’entreprise est indispensable dès lors que les salariés bénéficient d’un régime de prévoyance au-delà des indemnités de la Sécurité Sociale. Les entreprises qui distribuent de la participation, de l’intéressement ou qui gèrent de l’épargne salariale ont besoin des partenaires sociaux pour conclure les accords nécessaires à la vie de l’entreprise. Même lorsque les salariés sont payés au niveau du SMIC, de tels accords apportent un plus indéniable à la vie de famille. Obtenu individuellement, la prévoyance est trop chère pour de nombreux salariés qui ne se soignent plus faute de pouvoir faire face aux frais médicaux, ou bien, ils se trouvent dans l’obligation de trouver un second boulot.
Dans les petites agences de voyages comme dans l’hôtellerie indépendante et la restauration publique, de nombreux employés sont partiellement ou pas du tout déclarés mettant en péril leurs retraites et leurs indemnités de maladie ou de chômage. Les victimes d’accidents de travail dans ces conditions se retrouvent sans aucune protection sociale.
Dans la restauration collective, les employeurs utilisent le temps partiel (40% des contrats de travail) et les contrats à durée déterminée à outrance afin d’éviter d’offrir les mêmes avantages qu’aux salariés à temps plein. La sécurité de l’emploi y est minime compte tenu que les commanditaires peuvent réaliser souvent des changements de prestataires. A chaque fois, le nombre d’emplois dans le restaurant concerné est mis en cause, comme d’ailleurs les avantages des salariés.
Bas salaires, aucune prévoyance, absence de dignité et de respect au travail, insécurité de l’emploi et droit divin du patron – tous ces facteurs ont amené une insatisfaction de l’emploi.
C’est pourquoi les employeurs plaident la pénurie. Le nombre de salariés quittant le secteur est chaque année, plus élevé.
Les clients obtiennent une meilleure qualité de service lorsque les salariés s’épanouissent dans leur travail
Quand les droits des salariés sont bafoués, la satisfaction du client souffre aussi. Quand les salariés ne sont pas écoutés, ils n’ont aucune incitation à faire part de leur expérience et de leur vécu pour proposer des améliorations de l’efficacité du service. Dans aucun autre secteur, ce problème n’est plus crucial que dans celui de la sécurité alimentaire.
Les salariés sont souvent témoins de problèmes d’hygiène liés à une formation insuffisante ou à des conditions de stockage ou de traitement inadéquates. Mais ils n’ont pas d’interlocuteur pour proposer des changements. En fait, de nombreux salariés gardent le silence par crainte de représailles. Mais quand les salariés ont les moyens de s’exprimer, ils sont les garants de la santé publique et les meneurs de la lutte contre les pathogènes alimentaires et d’autres risques pour la sécurité des consommateurs.
Les grandes chaînes ramassent des milliards grâce au travail de leurs salariés Alors que la plupart des employés luttent pour boucler leurs fins de mois, les grandes entreprises hôtelières, touristiques ou de restauration comme Accor, Sodexho, Elior et Compass (pour n’en nommer que quatre) sont des groupes extrêmement rentables. Il y a trente ans, le secteur professionnel était dominé par des entreprises individuelles. Aujourd’hui, plus de 50% du secteur est entre les mains des chaînes (86% dans la restauration collective). Ils sont parmi les plus grands employeurs du pays et s’étendent dans le monde entier.
Le chiffre d’affaires du secteur dépasse les 110 milliards d’euros, près de 120 000 par salarié. Pourquoi les employeurs n’auraient-ils pas les moyens d’offrir un salaire décent et un peu de prévoyance à leurs employés ?
Contractants et consommateurs ont une responsabilité
La CFDT s’investit pour les droits des salariés – syndiqués ou non. Des fois, cela nécessite de souligner les responsabilités des contractants et leurs clients envers leurs hôtes.
Dans le tourisme, comme dans les hôtels et la restauration, les contractants et les franchiseurs devraient s’assurer, par exemple :
- – que les employés des franchisés et des sous-traitants aient la possibilité de s’organiser sans craindre des représailles ou des mises à l’indexe,
- – que les appels d’offres intègrent des critères sociaux au lieu de sans cesse baisser les prix, poussant salaires et avantages au plancher au même titre que la satisfaction de l’emploi. Cela contrarie la lutte pour la sécurité alimentaire et discrédite la notion de service à la clientèle.
Ecoles, universités, hôpitaux et cliniques, stades, aéroports, gares, entreprises et toute institution contractant avec des restaurateurs a une responsabilité :
- – de s’assurer que les salariés des sous-traitants gagnent un salaire décent, ont une sécurité de l’emploi, des lieux de travail corrects, le droit de s’oganiser et au minimum, les droits fondamentaux du Code du travail ;
- – de garantir que les salariés ne voient pas leurs emplois remis en cause quand le sous-traitant est remplacé.
A la CFDT, nous croyons que les clients disposent d’une meilleure qualité de service quand les salariés peuvent s’exprimer et bénéficient d’un minimum de respect et de dignité.
La prochaine fois que vous allez au restaurant, soyez attentifs aux conditions de travail du personnel.
Nous nous battons pour que les employés de l’hôtellerie, du tourisme et de la restauration obtiennent davantage de satisfaction de leur travail. La CFDT serait plus forte si nous étions plus nombreux à y adhérer. Ensemble, nous pouvons faire du secteur une industrie où il fait bon travailler, en toute sécurité.