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LA CFDT EST LE PREMIER SYNDICAT DE FRANCE !

En confortant sa position dans la fonction publique, la CFDT est devenue la première organisation syndicale de France tous secteurs confondus. Un moment historique.

C’est par un Tweet de Laurent Berger envoyé le 11 décembre à 9 h 52 que les militants ont appris la bonne nouvelle. « C’est historique : la CFDT devient le premier syndicat en France, privé et public confondus ! Depuis sa création, la CFDT porte un syndicalisme humaniste, proche des travailleurs, efficace dans l’amélioration de leur quotidien. C’est lui qui aujourd’hui est porté à la première place ! » Pourtant, jusqu’au bout, le doute a subsisté chez les militants de devoir se contenter de cette deuxième place dévolue à la CFDT depuis si longtemps. L’objectif des 20 000 voix à rattraper sur la CGT (privé et public confondus) semblait à la fois à portée et étrangement inaccessible. La remontée des résultats présentée aux organisations syndicales et à la presse le 11 décembre par Olivier Dussopt, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Action et des Comptes publics, l’a cependant confirmé : l’investissement militant sans précédent a porté ses fruits. Avec 457 187 voix sur les trois versants de la fonction publique, la CFDT parvient à réduire nettement l’écart avec la CGT, qui totalise de son côté 525 920 voix. Certes, la CFDT reste deuxième organisation dans la fonction publique, avec 19 % des voix, mais elle gagne du terrain dans des secteurs et des établissements jugés autrefois imprenables.

De nouvelles modalités de scrutin

Ce scrutin était le deuxième, après celui de 2014, à permettre à tous les agents des trois versants de la fonction publique – État, territoriale et hospitalière – de voter de façon simultanée. Autre nouveauté, les listes de candidats étaient établies selon la règle de la représentation équilibrée des femmes et des hommes, ce qui va sans nul doute accélérer la féminisation des équipes. Côté organisation, le vote électronique a continué de se déployer ; il concerne aujourd’hui 72 % des agents de l’État. C’était déjà le cas au ministère de l’Éducation nationale en 2014, rejoint en 2018 par les ministères des Finances, de l’Intérieur, les grands établissements hospitaliers et collectivités territoriales, avec par endroits l’utilisation conjointe du vote à l’urne et du vote électronique. La participation globale, qui s’établissait en 2014 à 52,8 % et marquait déjà une baisse par rapport aux scrutins précédents, est descendue cette fois sous la barre des 50 %, à 49,8 %. De 50,8 % à la fonction publique d’État, elle plafonne à 51,7 % à la territoriale mais atteint à peine 44,1 % à l’hospitalière. « La participation est en baisse mais ce n’est pas non plus l’effondrement que certains attendaient, estime Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT-Fonctions publiques. Nous savons qu’il y a des secteurs très durement éprouvés, la police, la pénitentiaire ou l’hôpital, pour ne citer que ceux-là, qui peuvent connaître un phénomène d’abstention ou de repli vers un vote défensif. Il n’en reste pas moins que les résultats globaux sont positifs. C’est le résultat d’un travail collectif qui nous a permis d’éviter le pire, pour des élections qui se sont déroulées dans un contexte tendu, qui ne nous était pas forcément favorable. »

Une percée dans les ministères

Les résultats oscillent selon les versants, et ne reflètent pas toujours l’investissement militant fourni pendant la campagne. À la fonction publique d’État, où 148 700 voix (13,9 %) se sont portées sur la CFDT, les situations diffèrent selon les ministères. Une belle victoire revient à la Fédération des établissements et arsenaux de l’État (FEAE), grâce à laquelle la CFDT devient première organisation syndicale au ministère des Armées, devançant FO avec 27,5 % des voix contre 25,8 %. La CFDT-Finances peut, elle aussi, se féliciter des résultats très satisfaisants obtenus par l’alliance CFDT-CFTC notamment chez les cadres de catégorie A.

À l’Éducation nationale, la CFDT (8,4 %) maintient ses positions, et la tonalité globale est optimiste. « Nous progressons partout soit en représentativité, soit en nombre de voix, notamment dans l’enseignement supérieur et la recherche, ainsi que dans le premier degré où notre implantation n’a pas été facile, et où nous obtenons 9 968 voix, soit 700 de plus qu’en 2014, se réjouit Catherine Nave-Bekhti. Nous devenons la première organisation syndicale de l’Insep [Institut national du sport, de l’expertise et de la performance] avec 58,2 % des voix. Mais ces résultats ne sont pas encore à la hauteur de la dynamique de développement que nous avons connue ces quatre dernières années, nous avons devant nous un chantier de proximité avec les adhérents à poursuivre. » Dans l’enseignement privé, la Fédération de la Formation et de l’Enseignement privés (FEP) peut se prévaloir d’une première place avec 34,6 % des voix.

Un pied dans la porte

Au ministère de la Justice, relevant du champ d’Interco, la CFDT reste stable à 8,4 % ; elle progresse aux Affaires étrangères (27,1 %) ainsi qu’à l’Intérieur (9,3 %). « À la police, nous avons mis un pied dans la porte grâce aux efforts d’Alternative Police, qui vient de nous rejoindre, et du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure [SCSI], insiste Claire Le Calonnec, secrétaire générale d’Interco. Nous sommes déçus du nombre de sièges obtenus en CTPN [comité technique de la police nationale] mais c’est un début d’implantation. C’est une voie d’avenir. »

Quant à la territoriale, où le dialogue social est toujours aussi compliqué, Claire Le Calonnec se dit « fière et soulagée ». Les 951 777 électeurs de la fonction publique territoriale qui se sont exprimés jusqu’au 6 décembre ont placé la CFDT en deuxième position de leurs suffrages. Avec 22,5 % des voix, elle améliore son score précédent de 0,4 point là où, dans le même temps, la CGT et FO reculent respectivement de 0,8 et 1,7 point.

Côté fonction publique hospitalière, le bilan est plus nuancé. Le taux de participation est en baisse de 6,1 points par rapport à 2014. Une chute qui s’explique sans doute par le climat social très dégradé depuis plusieurs années. Malgré une troisième place avec 24,3 % des voix derrière FO (24,8 %) et la CGT (31,6 %), l’organisation fait de très bons scores dans les petits établissements, comme les Ehpad.

Même si les concurrents ont gardé la main sur des bastions tels que l’AP-HP, d’importants établissements sont néanmoins passés du côté CFDT. Aux centres hospitaliers de Dunkerque, où elle progresse de 18 points depuis 2014, ou d’Arras, où la CFDT, qui n’était pas implantée, a remporté 20 % des suffrages ! « La déception première a vite été effacée. C’est une belle réussite. Nous savons que nous avons participé au résultat final de faire de la CFDT le premier syndicat de France », conclut Ève Rescanières, la secrétaire générale de la CFDT-Santé-Sociaux. Une fierté partagée par tous les militants CFDT.